L'inconséquence sans limite d'un président hors-sol !

Bonjour à tous ! Nous sommes le 1er septembre 2024 et la parution de cette lettre hebdomadaire reprend, après une interruption de quatre semaines.

La lettre D
3 min ⋅ 01/09/2024

9 juin 2024 : dissolution surprise de l’Assemblée nationale, dans la foulée des résultats des élections européennes, où le Rassemblement national (RN) arrive largement en tête, avec plus de 31% des suffrages exprimés (37% si on y ajoute les voix de la liste menée par Marion Maréchal et soutenue par Éric Zemmour).

7 juillet : deuxième tour des élections générales législatives anticipées. Pour « faire barrage » à la victoire possible et annoncée du RN, un « front républicain » parvient à limiter à +42% la progression du groupe RN à l’Assemblée (+60% en ajoutant les 16 députés emmenés par Eric Ciotti, rallié au RN).
Le RN devient le groupe le plus nombreux.
L’alliance dite « Nouveau Front Populaire », réunissant quatre groupes de gauche, coalisés dès le premier tour du 30 juin, réunit 182 parlementaires, dont 71 pour LFI et 62 pour les socialistes et apparentés.

Avec un effectif de 577, la majorité absolue de l’Assemblée est à 289. 

Sachant que :

  • Le RN, est plus que jamais ostracisé (Notre dernier édito du 21 juillet)

  • que les LR (47 députés), comme l’ex majorité présidentielle ( 166 élus avec les trois groupes Ensemble pour la République - EPR, ex-Renaissance ; Modem et Horizons), annoncent qu’ils censureront tout gouvernement incluant des ministres LFI.

  • On conçoit qu’Emmanuel Macron, tel un apprenti sorcier, soit pris à son propre piège… Jupiter se venge de celui qui usurpait son nom. “Il rend fou ceux qu’il veut perdre”…
    Et c’est ainsi que la France est sous le régime d’un gouvernement démissionnaire depuis le 16 juillet…

Notre Président de la République, dont l’ambition première, en 2017, était de faire voler en éclats le clivage droite/gauche a donc inventé une nouvelle machine politique infernale, qui explose à la figure de son inventeur !

Il en est aujourd’hui à chercher un homme, ou une femme, qui ne susciterait pas, immédiatement, une motion de censure recueillant une majorité des suffrages. Faute de majorité positive il essaye de trouver une non-majorité négative…

Comme plusieurs fois expliqué ici, c’est l’aboutissement (?) de quarante années marquées, au plan politique, par le primat de l’excommunication « républicaine » ( ou plutôt, selon moi, « anti-républicaine »…) du FN puis du RN.

Combattre le RN ? Pourquoi pas ! Mais sur ses idées ou ses propositions, et non pas, seulement, sur des fantasmes sans fondement. En démocratie combattre ses adversaires exige de leurs parler, de dialoguer avec eux. Se “disputer”, c’est débattre, et non pas s’ignorer !…

En arriver à s’allier avec Jean-Luc Mélenchon, pour « faire barrage » au RN au deuxième tour des législatives du 7 juillet, au nom de « l’arc républicain », puis lui dénier le droit de gouverner, pour n’être pas un « parti de gouvernement » tourne au vaudeville. La tragédie devient comique…

Sans majorité parlementaire, tout nouveau gouvernement sera à la merci d’une motion de censure. Et le RN, tant honni, par ses adversaires, se retrouvera alors faiseur de roi, selon qu’il votera ou non la censure, tout de suite, ou plus tard…

Le président dit ne pas vouloir démissionner.
Il retrouvera le pouvoir de dissoudre, une nouvelle fois, le 10 juin 2025…

D’ici là, la formation d’un gouvernement stable parait improbable. 

Bon courage à celui ou à celle qui acceptera cette mission impossible !…

Heureusement, ce chaos politique, pour l’instant, ne génère pas de chaos social ou économique.
Pour autant, déjà, les conséquences économiques et financières sont loin d’être négligeables :

  • Depuis le 9 juin, sur les marchés financiers internationaux, différents évènements ont eu lieu. Le CAC40 principal indice boursier parisien, après un plus bas le 6 aout, sur la période, ne perd que 3,5%. Dans le même temps le DAX allemand gagnait 3%, et le Dow Jones industriel américain 7,5%..;

  • Du coté des taux d’intérêt, l’écart s’est un peu creusé entre la France et l’Allemagne…

Dans la durée, ce sont les pays bien dirigés, dans la stabilité institutionnelle, qui offrent à leurs citoyens les meilleures conditions d’existence.

Il est fâcheux, qu’avec Emmanuel Macron, la France se soit (un peu plus) éloigné de ce modèle vertueux.

Alain Dumait

T bonne semaine ! Et à dimanche prochain.

La lettre D

La lettre D

Par Alain Dumait

Alain Dumait, 81 ans, est journaliste depuis 1970. Il devient éditeur de journaux en 1978 et crée La Lettre A, lance "Les 4 Vérités-Hebdo", puis plusieurs autres publications.

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