Les cinq erreurs commises par un président - certes brillant - qui n'était pas fait pour assumer cette charge
La clef de voute de nos institutions, depuis septembre 1958, se trouve dans une phrase prononcée par le général de Gaulle le 16 juin 1946 à Bayeux.
Dans ce fameux discours, le futur fondateur le la Ve République déclara :
« C'est donc du chef de l'État, placé au-dessus des partis… que doit procéder le pouvoir exécutif ».
Qui ajoutait :
« En vérité, l'unité, la cohésion, la discipline intérieure du gouvernement de la France doivent être des choses sacrées, sous peine de voir rapidement la direction même du pays impuissante et disqualifiée. Or, comment cette unité, cette cohésion, cette discipline seraient-elles maintenues à la longue si le pouvoir exécutif émanait de l'autre pouvoir auquel il doit faire équilibre et si chacun des membres du gouvernement, lequel est collectivement responsable devant la représentation nationale tout entière, n'était, à son poste, que le mandataire d'un parti ? »
Quand le Premier ministre procède de l’Assemblée, nous tombons donc, à nouveau, dans un régime d’assemblée, type IIIe ou Ive République.
Nous y sommes !
Comment en est-on arrivé là ?
Le 23 avril 2017, au premier tour de l’élection présidentiel, Emmanuel Macron obtient 24% des suffrages exprimés. Et 66% au deuxième tour, le 7 mai, contre Marine Le Pen. Le parti « En Marche », devenu « La République en Marche » obtient une majorité absolue aux élections législatives qui suivent. Tout va bien, en tout cas au plan parlementaire…
En 2022, contre l’avis de son épouse, il décide de se représenter. Première erreur…
Au premier tour de 2022, il améliore son score de trois points, mais le deuxième est nettement moins bon : 58,5% seulement. Et, dans la foulée, son parti n’obtient pas la majorité absolue. Au lieu d’entreprendre de former une coalition élargie, il désigne le 16 mai Elysabeth Borne Première ministre, qui ne disposera jamais d’une majorité à l’Assemblée. Seconde erreur…
Au soir des élections européennes, le 9 juin 2024, sans consulter personne, sans motif réel, il prend la décision de dissoudre l’Assemblée. Troisième erreur…
Le premier tour, le 30 juin, donne un net avantage au Rassemblement national de Jordan Bardella. Pour limiter la casse au deuxième tour, le Président de la République choisit de remettre sur le feu le vieux plat du « Front républicain ». C’est la quatrième erreur… (voir ci-dessous)
Le 10 juillet, dans une nouvelle « Lettre aux Français », il écrit : « je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme… d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays ».
Débrouillez-vous entre vous ! Cinquième erreur ! Coup de grâce pour nos institutions…
Alain Dumait
SVP : Voulez-vous bien signer cette pétition, “POUR DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES ET PRÉSIDENTIELLE À UN SEUL TOUR” ?
Les élections législatives et présidentielle à deux tours permettent toutes sortes de manœuvres des partis politiques entre eux, entre les deux tours, et empêchent un grand nombre d'électeurs de voter selon leurs préférences personnelles. Seule une modification, simple mais urgente, peut changer les choses pour les prochaines échéances... Merci d’avance ! AD
L’article 4 de notre Constitution pose le principe de la participation équitable des partis politique à la vie démocratique à la condition de respecter eux-mêmes ces principes.
Si un parti ne les respecte pas, il doit être interdit. S’il ne l’est pas, c’est qu’il les respectent. Il peut donc être combattu, pour ses idées ou ses propositions, mais ne devrait pas être ostracisé, faire l’objet d’une mise au banc, subir l’opprobre infamante de ne pas appartenir à « l’arc républicain »
L’image de l’omelette est souvent employée. Elle symbolise l’ensemble des formations politiques autorisées et représentées au Parlement.
Sous la IVe République, le PCF, Parti communiste français, à partir du 4 mai 1947, sur fonds de guerre froide, est exclu de toute coalition gouvernementale. Il recueille pourtant 30% des suffrages aux municipales d’octobre 1947…
A partir de 1958, s’opposant au général de Gaulle dès le referendum constitutionnel du 4 octobre 1958, le PCF s’intègre au sein de l’opposition à ce nouveau régime. Les contacts se multiplient entre forces de gauche. François Mitterrand est son candidat unique dès 1965. A sa troisième tentative, il est élu en 1981, aidé en sous-main, au deuxième tour, par Jacques Chirac, président du RPR…
Cette année là, Jean-Marie Le Pen, victime du lâchage d’un certain nombre de maires bien manœuvrés par le RPR, ne se présente pas à l’élection présidentielle, faute d’avoir pu réunir 500 signatures.
Dès les élections municipales de 1983, le Front National (FN) présidé par Jean-Marie Le Pen commence à obtenir ses premières victoires avec ses premiers élus. Parallèlement, à partir de cette année-là, se met en place cette stratégie dite du Front républicain, consistant à exclure ce parti de toute alliance, quel que soit le niveau territorial concerné.
Pour le camp présidentiel de gauche d’alors, on voit bien la stratégie : on détachant la partie droite de l’omelette, le centre de gravité se déplace de fait vers la gauche, et celle-ci, même minoritaire en voix, pourra plus facilement garder le pouvoir. Plus le bout droit de l’omelette sera consistant, plus l’épicentre politique utile sera à gauche…
L’ostracisme de la part du RPR vis à vis du FN est plus surprenant au plan stratégique. C’est si vrai qu’à l’époque de nombreuses voix s’élèvent publiquement au sein du parti gaulliste pour le contester. « pas d’ennemi à droite », disent-ils. Mais les consignes du chef demeurent sans appel… (A noter : à cette époque, François Mitterrand a de bonnes relations personnelles avec Jean-Marie Le Pen, qu’il avait connu sur les bancs de l’Assemblée sous la IVe, tandis que Jacques Chirac affichait ouvertement sa détestation…)
Plutôt que d’être combattu pour ses idées, le FN, puis le RN le sont donc sur de supposés critères moraux ou éthiques, renvoyant à des temps anciens, qui ne convainquent que ceux qui les profèrent.
Comme annoncé par exemple par l’auteur de ces lignes depuis près de quarante ans, plus la présumée extrême droite est combattue de cette façon, plus elle progresse dans les urnes, devenant bientôt le premier parti de France, majoritaire chez les classes moyennes et populaires, pour atteindre 31% le 9 juin 2024.
Certains politiciens de la droite modérée, ayant prêté main-forte à cette stratégie perdante, voudraient bien maintenant détacher en même temps les deux bouts de l’omelette, à savoir la supposée extrême droite et la gauche réellement gauchiste, piloté par un trotskiste lambertiste( l’OCI), Jean-Luc Mélenchon (qui dirigeait la section locale de mouvement, à Besançon, jusqu’en 1976, avant de se rallier au PS, en même temps que Lionel Jospin et Jean-Christophe Cambadélis, et devenir intime du Premier secrétaire, François Mitterrand)… Mais, sous le quinquennat finissant d’Emmanuel Macron, acquis sur ce point à la stratégie mitterrandienne (sans son talent), c’est mission impossible : et voila pourquoi la XVIIe législature de la Ve République, sans majorité, donnera naissance, peut-être, à un gouvernement, qui sera plus ou moins de gauche, non représentatif de la médiane électorale.
Dans l’omelette politique, tout est bon, même ses deux bouts !
AD
Très bonne fin de 14 juillet, très bonne semaine prochaine et à dimanche prochain, si vous le voulez bien !