L’élection de Donald Trump, signal d’une nouvelle révolution conservatrice

L’Etat-providence est à bout de souffle. Comme le communisme 35 ans plus tôt… Wokisme et fiscalisme sont également rejetés. Le populisme, unanimement dénoncé par des élites auto-proclamées, part à l'assaut des centres de pouvoir politique. Le phénomène est général à l'Occident. L’incarnation d’une nouvelle gouvernance variera d’un pays à l’autre.

La lettre D
4 min ⋅ 02/02/2025

Nous sommes le dimanche 2 février 2025. C’est notre 84e parution.
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“Le théâtre du monde dispose de moins de décors que d’acteurs, et de moins d’acteurs que de situations“. (Marcel Proust).
Le décor qui préside aux grands bouleversements politiques est toujours le même : c’est celui de l’exaspération des peuples, lassés et épuisés par l’impéritie de leurs gouvernements.
Nous vivons, présentement, un de ces ébranlements, à l’occasion desquels quelques acteurs émergent, au-delà de situations différentes dans nos différents pays

- 21 janvier 2025 : Donald Trump, 78 ans, devient le 47ème président des Etats-Unis. 
- 10 décembre 2023 : à 53 ans, Javier Milei, est investi président de l’Argentine.
- 22 octobre 2022 : Giorgia Meloni, 45 ans à cette date, accède à la présidence du Conseil des ministres italien.

Dans ces cinq situations, il ne s’agit pas de simples alternances, mais de ruptures, assumées, en cours ou sans doute à venir.

Prenons l’exemple des Etats-Unis. La victoire de Trump et la défaite de Kamala Harris sont les deux faces d’une même médaille. Les électeurs américains ont voulu mettre un coup d’arrêt au wokisme pseudo progressiste devenu quasi institutionnel, imposé par des minorités, de race ou de genre, mais largement désapprouvé par une majorité d’Américains.

Quant à la France, de nombreuses études soulignent ce hiatus croissant entre les politiques menées et les préférences des citoyens :

  • Chacun veut moins de dépenses publiques, moins d’impôts, moins de fonctionnaires, moins de règlements, moins de subventions, moins d’immigration, moins d’insécurité… et ils en ont toujours plus !

L’annonce d’un déficit de nos finances publiques, estimé pour 2024 à 6,1% du P.I.B., (36% des dépenses de l’Etat, et 52% de ses recettes !….) a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Le remboursement de la dette publique est désormais jugé impossible et la crise financière inévitable…

Toujours, l’inattendu arrive“ (André Maurois)

La semaine qui s’achève a été marquée par une série de déclarations de grands entrepreneurs français, alertant l’opinion sur les risques que fait courir à la compétitivité de nos entreprises la sur-taxation dont elles sont l’objet.

Sur ce point, les médias dominants ne se sont pas trompés : ils ont parlé d’une “révolte des patrons“. "Les rats quittent le navire" a dit Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, vendredi 31 janvier,  au micro de RTL…
Et en effet, depuis longtemps, nos meilleurs jeunes diplômés s’expatrient, pour mener leur vie professionnelle ailleurs ; les entreprises se délocalisent, là où produire la même qualité coûte moins cher ; et les capitaux, provenant de notre épargne, part massivement outre-Atlantique…

L’Argentine a connu exactement, avant nous, la même situation. C’est dans ce contexte que Javier Milei - l’homme à la tronçonneuse - a été élu, très démocratiquement, à la fin de 2023, à la tête de son pays. En moins d’un an, le redressement est en marche… (En France, il faut remonter à 1958 pour retrouver un moment de redressement économique aussi spectaculaire).

Le 23 janvier 2025, le président de l’Argentine s’exprimait, à Davos, devant un aréopage de leaders du monde entier. Je me permets de suggérer, à tous les lecteurs de cette lettre D, de lire très attentivement ce texte, dont voici la traduction française officielle.

Je ne reprend ici qu’un seul paragraphe de son texte :
…“Et quel genre de société peut résulter du wokisme ? Une société qui a remplacé le libre échange de biens et de services par la distribution arbitraire des richesses sous la menace des armes, qui a remplacé les communautés libres par la collectivisation forcée, qui a remplacé le chaos créatif du marché par l’ordre stérile et sclérosé du socialisme. Une société pleine de ressentiment, où il n’y a que deux types de personnes, ceux qui sont des contribuables nets d’un côté et ceux qui sont des bénéficiaires de l’État de l’autre. Et je ne parle pas de ceux qui reçoivent des moyens de subsistance sociale parce qu'ils n'ont rien à manger, je parle des entreprises privilégiées, je parle des banquiers qui ont été sauvés lors de la crise des subprimes, de la majorité des médias, des centres d’endoctrinement déguisés que sont devenues les universités, de la bureaucratie d’État, des syndicats, des organisations sociales, des entreprises d’État et de tous les secteurs qui vivent des impôts payés par ceux qui travaillent“.
Et il ajoute :
Je parle du monde décrit par Ayn Rand, dans Atlas Shrugged, qui s’est malheureusement concrétisé“.
Dans ce discours de 30 minutes, Ayn Rand, et son ouvrage majeur traduit en Français sous le titre“La Grève“, est le seul auteur cité par l’orateur. En effet, aux Etats-Unis (où M Milei a étudié), toute l’élite intellectuelle connait cet ouvrage, vendu à près de 10 millions d’exemplaires, et encore aujourd’hui, certaines années, à quelque 200.000 exemplaires. Ouvrage considéré comme ayant eu, après la Bible, la plus grande influence (selon un sondage de la Library of Congress et du Book-of-the-Month Club qui date des années 1990).

L’ouvrage est ainsi résumé par ChatGPT : “Atlas Shrugged (La Grève) est un roman philosophique où Ayn Rand imagine un monde en crise à cause d’un gouvernement qui écrase les entrepreneurs et les innovateurs. … Le livre défend l’individualisme, le capitalisme et la liberté contre l’interventionnisme étatique“.

Sans doute, les 77,3 millions de voix recueillies le 5 novembre 2024 par Donald Trump, soit 49,8 % du vote populaire, ne signifient par qu’autant d’Américains sont devenus libertariens ou objectivistes (philosophie d’Ayn Rand). Pas davantage s’agissant des quelque quatorze millions d’électeurs ayant voté pour Javier Milei le 19 novembre 2023. 

Aux Etats-Unis, comme en Argentine, et sans doute bientôt en Europe, les électeurs ont fait, ou feront sans doute demain, un simple constat : celui de l’épuisement de nos Etats-providence, avec ses dérives wokistes et fiscalistes.

A noter, au plan de l’analyse politique : En Italie, en Argentine comme aux Etats-Unis - et même quinze ans plus tôt en Hongrie, avec Victor Orban - c’est une coalition de droite, emmenée par la partie populiste, qui a abouti à ces bouleversements…

Alain Dumait

PS. Quand un pays est bien géré, sous le contrôle permanent du souverain populaire, il n’a que faire des révolutions. De simples corrections ou inflexions à l’action publique suffisent.
Nos voisins suisses, dotés d’un PIB par habitant plus du double du nôtre, viennent de porter à la présidence de leur confédération une femme de centre gauche, dont la priorité va être de réduire les subventions publiques. Elle déclare : “La Confédération est une machine à redistribuer. Si vous regardez le nombre de subventions créées et développées ces dernières années, c’est déplorable. Ce n’est pas le rôle de l’État de financer chaque intérêt particulier !


La lettre D

La lettre D

Par Alain Dumait

Alain Dumait, 81 ans, est journaliste depuis 1970. Il devient éditeur de journaux en 1978 et crée La Lettre A, lance "Les 4 Vérités-Hebdo", puis plusieurs autres publications.

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